J’ai rêvé d’aventure. 

Pendant longtemps.

J’imaginais un truc un peu fou, quelque chose de magique et d’enivrant à la fois. Je voulais éprouver ma liberté et prendre la mesure de ce que mon corps était capable de faire. Je voulais vivre ce genre d’expérience dont tu sors un peu grandie, un peu changée.

J’ai attendu qu’elle me tombe dessus cette aventure, sans jamais rien faire pour la provoquer.

Elle n’est jamais arrivée.

Évidemment.

Je suis restée là, à vivre ma vie étriquée de peurs et d’angoisses qui n’étaient pas les miennes, spectatrice des nuits qui défilent, pétrifiée par le vide des lendemains qui se suivent.

Et puis un jour, un jour d’été, j’en ai eu marre d’attendre que mes rêves me saisissent, marre de l’incertitude dévorante et de ses regrets, de ses mille questions et de leurs réponses muettes.

Alors, j’ai mis deux, trois culottes au fond d’un sac, j’ai enfourché ma bicyclette et je suis partie. Je suis partie à l’aventure, une aventure en solitaire parce que, tu vois, j’en rêvais depuis longtemps.